Phéromones
Les livres d’une bibliothèque renferment bien plus que des textes et des images. Ces livres sont des surfaces d’enregistrement de moments vécus en compagnie de leurs lecteurs : les pages consignent des fragments de vies peuplées d’effluves, de parfums, de phéromones.
Quels signaux odorants transmettent les livres, d’un lecteur à un autre ?
Dans la bibliothèque, je me bande les yeux à l’aide d’une étoffe. Aveugle, je pars à la recherche d’un livre dans les rayons de la bibliothèque en me fiant uniquement à mes facultés olfactives. Pour ce faire, je peux solliciter l’aide d’un assistant qui guidera mes déplacements. Je retire un livre d’une étagère avec mes mains, je l’ouvre, respire entre ses pages. Je le repose, en choisis un autre à sentir, jusqu’à ce que j’en trouve un dont l’odeur attise ma curiosité.
Toujours les yeux bandés, je décris de vive voix l’odeur du livre que j’ai choisi. Je lis le livre à voix haute avec mon nez !
J’essaie de dépister toute mise en situation odorante créée par de précédents lecteurs et enregistrée par le livre antérieurement à ma prise de contact. Quelles informations-phéromones puis-je discerner ? Que puis-je imaginer sur ces lecteurs ?
Lorsque j’ai terminé ma lecture olfactive, je retire l’étoffe et recouvre la vue. Je vais maintenant apporter un nouveau parfum au livre odorant. Pour ce faire, je peux emprunter le livre et l’emporter avec moi, dans le but de le soumettre à l’enregistrement d’une nouvelle odeur. Je peux tout simplement ouvrir le livre dans un espace odorant, en ne faisant rien d’autre qu’attendre que les pages s’imprègnent de ce lieu, pour une raison qui m’appartient. Je peux aussi demander à une personne aimée de frotter doucement sa peau contre un marque-page et l’insérer dans le livre. Ou encore, si le texte que contient le livre me déplait et que l’odeur des pets me répugne, je peux péter dessus !
Une fois mon action réalisée, je referme le livre et le retourne à la bibliothèque.